Non que je ne regarde – ni n’apprécie – de nombreux films et séries américains. Mais parfois des petits détails récurrents nous donnent envie de sauter à la gorge des personnages – et je suis polie. Ce sont tout autant de tics ou habitudes très américains et qui nous parlent peu, à nous, Français, et donc nous irritent un tantinet. Voici 10 trucs qui nous agacent dans les films et séries américains.
1. Les grossesses surprises
On ne comprendra jamais comment toutes les protagonistes féminines, adolescentes, femmes jeunes ou mûres, réussissent à systématiquement se retrouver enceintes sans le faire exprès. N’y a-t-il donc aucun moyen de contraception outre-Atlantique ? Pas de préservatifs, de pilules ? On pourrait croire que le lobby pharmaceutique américain est suffisamment influent pour vendre ses pilules contraceptives – ou autre méthodes modernes de contraception – aux Américaines… C’est pourtant un classique des films et séries américains : l’ado enceinte alors qu’elle est encore au lycée (généralement sa propre mère a fait pareil quand elle l’a eu elle, ce qui ne l’empêchera jamais de prôner l’abstinence ou la contraception – au pire), la femme enceinte d’un homme avec qui elle a eu une aventure d’un soir (parfois, son meilleur ami gay, et, généralement, l’homme en question voudra jouer pleinement son rôle de papa, et deviendra l’amoureux idéal de la jeune femme enceinte), bref, un classique. Agaçant !
Un exemple concret : je crois que toutes les naissances de la série Grey’s Anatomy (une série médicale à succès, pour celles – et ceux – qui n’auraient pas vécu sur Terre ces 11 dernières années) ont été involontaires. Ce ne sont plus des accidents mais une épidémie sérieusement contagieuse à ce niveau. Adèle Webber (à la cinquantaine voire soixantaine!) tombe enceinte de son mari avec qui elle vient de se séparer. Callie Torres tombe enceinte de son meilleur ami après un énième envoyage en l’air alors qu’elle est séparée de sa petite amie (oui, même les personnages homosexuelles tombent enceinte sans faire exprès dans les films et séries américains). Cristina Yang tombe enceinte de son petit-ami, sauf qu’elle ne veut absolument pas avoir d’enfant (d’où la nécessité d’utiliser un moyen de contraception, non?), et avorte. April Kepner tombe enceinte de son mari tout juste après leur mariage. Même Meredith Grey tombe enceinte (de son mari) alors qu’elle est censée être stérile. Une épidémie !
2. Les grossesses post adoption
En parlant de stérilité, dans les films et séries américains, toutes les femmes stériles tombent enceinte peu après avoir adopté un bébé. On a toujours la même trilogie : difficulté à avoir un bébé, adoption compliquée, grossesse surprise après l’adoption. C’est immanquable. Comme Meredith Grey dans Grey’s Anatomy donc. Les États-Unis auraient donc trouvé le remède miracle à la stérilité : l’adoption qui vous fait tomber enceinte ! For-mi-dable !
3. Les éloges post coït
Après chaque scène de sexe (restons dans le domaine scientifique…) l’un ou l’autre, mais plus souvent les deux amants se disent « C’était… waou… c’était génial ! ». Qui fait ça dans la vraie vie ? Les Américains souffriraient-il d’un complexe d’infériorité qui se manifesterait par le besoin irrépressible de se faire des compliments pour tout et n’importe quoi ? Notez, c’est quasiment toujours génial, rarement normal, jamais nul. Si c’est nul, ça fait partie d’un axe de l’histoire et on va en entendre parler pendant la moitié au moins de l’épisode ou du film. Bref, je crois que les Américains (hommes et femmes) sont tous géniaux au lit. A bon entendeur…
4. Les sarcasmes à propos des Français
Parlons de choses qui fâchent. Les Français sont un peu les têtes de Turcs (jeu de mots) des Américains. Ils nous envoient des vannes par film ou série interposés. Ils savent que ceux-ci sont souvent traduits et diffusés en France ? Exemple : dans Scandal (la série « politique » à succès de Shonda Rhimes), le Président américain est amoureux fou de sa maîtresse, Olivia, mais marié à Mellie. Divorcera ? Divorcera pas ? Pour épouser ensuite sa maîtresse adorée ? Réponse (de la bouche des personnages) : non, nous ne sommes pas en France ici. Le Président ne divorce pas pour se remarier avec sa maîtresse. Euh… vous savez ce qu’ils vous disent les Français ? Voilà, pour les Américains (toujours tellement classes, instruits et forts d’un certain recul sur eux-même) nous considèrent (surtout vous, Messieurs) comme des obsédés sexuels incapables de contrôler leur braguette ou autre petite culotte, et instables émotionnellement. Je me demande : savent-ils ce que nous pensons d’eux ?
5. États-Unis, pays des libertés?!
Dans un film ou une série américains, les États-Unis sont LE pays des libertés. Je me gausse. Liberté de religion ? T’as plutôt intérêt à en avoir une et à croire en dieu au risque de te faire regarder de travers. Et surtout, surtout, à ne jamais, jamais critiquer la religion ou dieu. Liberté, quand tu nous tiens… Liberté de faire la bise pour dire « bonjour » à une personne du sexe opposé ? Procès (pour harcèlement sexuel). Liberté d’aller et venir ? Ça dépend de ta couleur de peau (depuis le 11 septembre encore plus). Ah, j’en ai trouvé une : liberté de détenir une ou plusieurs armes à feu. Ouais ! Et aussi la sacro-sainte liberté d’entreprendre, le rêve américain quoi. Le rêve !
6. L’omniprésence de la religion
En parlant de dieu… Aux États-Unis, vous le savez sûrement, tout ou presque peut être considéré comme une religion. Il faut vraiment que les us et coutumes du groupe en question soient monstrueusement choquants et avérés pour que celui-ci soit qualifié de secte. Aussi la séparation de l’Église et de l’état n’a-t-elle pas eu lieu. Le Président prête serment sur la Bible. Les témoins au tribunal aussi (en France, c’est sur le Code civil). Il ne doit pas exister une série ou un film américains sans une mention de dieu. A un moment donné, un personnage, lors d’un passage émouvant, va tout d’un coup demander à un autre s’il croit en dieu. « – Tu es triste ? – Oui. – Je comprends. – Tu crois en Dieu ? ».
Un exemple concret (et très agaçant) dans Grey’s Anatomy (encore) : le couple April Kepner et Jackson Avery. Elle croit en Jésus, il est athée. Ils se disputent à propos de leurs futurs enfants (avant la grossesse surprise) et de l’éducation religieuse ou pas qu’ils leur donneront. Il a toujours su qu’elle croyait en Jésus (c’est en ces termes qu’elle nous rabâche, à chaque épisode, qui elle est et quelles sont ses convictions) et n’a jamais critiqué sa religion. Elle s’énerve (de toutes ses forces) contre lui et lui hurle qu’elle ne supportera pas qu’il lève les yeux au ciel ou dénigre les enseignements religieux qu’elle donnera à leurs enfants. Notez que la question ne s’est jamais posée : oui, elle donnera une éducation religieuse à leurs enfants, de mère croyante et de père athée. Encore mieux : alors que lui n’a jamais proféré aucune insulte ni dénigrement de ses valeurs religieuses, elle lui balance en plein visage : « – Tu me fais pitié de ne pas croire en dieu« . Mange ça ! Et le final : fin de l’épisode, fin de la dispute, la solution est toute trouvée puisque lui vient vers elle, tout gentil, et lui dit : « – Mais, tu sais, le dimanche matin, je ne me vois pas faire autre chose qu’accompagner ma femme et mes enfants à l’église. » Ça, c’est fait. Tolérance et religion, un ménage si charmant.
Nous ne sommes pas habitués à cette omniprésence de la religion au cinéma ou à la télévisions en France, et tant mieux. La religion est plutôt considérée de ce côté-ci de l’Atlantique comme personnelle, et surtout, nous sommes libres de nos convictions, c’est-à-dire, en France, libre de croire ou de ne pas croire, et libre de croire à ce que l’on veut, et donc autant ne pas imposer certaines convictions plutôt que d’autres dans des séries ou films. C’est une différence de taille, et ce qui fait penser que leur liberté de penser n’est pas tout à fait autant au point que la nôtre.
7. La prévisibilité
La prévisibilité, c’est quand on sait, limite dès le générique de début voire même dès la lecture du synopsis, comment se finira la série ou le film. On est un peu contradictoire sur ce point, je vous l’accorde. Il ne manquerait plus que Bridget Jones finisse seule pendue dans son (joli) appartement après s’être faite larguer par Marc, qu’elle avait finalement choisi, mais qui lui aura préféré Daniel ou encore une call-girl rencontrée peu avant le début du film mais qu’on n’avait pas encore vue. Qui regarderait un film, surtout une comédie romantique, sachant que ça finira mal ? Non, trop déprimant, personne ne serait au rendez-vous. Mais on veut aussi être surpris ! De plus en plus, les héros et héroïnes de films et séries américains sont des personnages complexes, pas tout gentils ou tout méchants, et ça nous plaît bien. Infirmière antipathique, médecin tueur en série, jeune psychopathe en devenir… Tout un programme.
8. Les acteurs toujours beaux
Les personnages de films et séries américains sont tous… beaux. Chacun ses goûts, on trouvera tels acteurs sexy, charmants, d’autres un peu moins, mais on ne croisera jamais de personnages aux traits physiques normaux, comme tout le monde dans la vraie vie en fait. Pas de rides, de taches de rousseur, de cicatrices, de poils inavouables, de spots rouges, ou blancs, ou verts et autres spécificités « naturelles » de la peau des vrais gens. Sauf les méchants, ceux-là sont moches. C’est comme ça qu’on reconnaît les méchants. Un peu comme dans les dessins animés. Là aussi, nous sommes un peu contradictoires : on aime fantasmer sur George Clooney, Johnny Depp et autres Leonardo DiCaprio, Hugh Jackman, Patrick Dempsey. Enfin, vous voyez quoi.
9. Les clichés
Les clichés ont la vie dure dans les films et séries américains. Les Français ? Se baladent béret sur la tête, baguette sous le bras sur fond de musique d’accordéon dans les rues pavées (sans égout, ni wifi) de Paris. Je n’oserais pas prétendre que nous n’avons pas des tonnes de clichés sur les Américains : ne se baladent-ils pas tous dans leurs gros 4×4, , soda de 1L posé sur le tableau de bord, habillés en costume mal ajusté et tennis, en faisant 5 pauses sur un trajet de 1,5 kilomètres (0,932 miles) pour s’acheter des hamburgers ? Il y a aussi dans les films et séries américains des personnages clichés récurrents : le geek pas doué avec les femmes (demandez à Mark Zuckerberg s’il ne s’envoie pas en l’air autant de fois qu’il le veut), le black sympa qui se fait tuer rapidement (un héros, mais mort quand même, c’est le blanc qui aura la fille à la fin en fait), le vieux dur à cuir et le jeune optimiste, la blonde stupide, la brune méchante, la musique métal – ou rap – pour les méchants, le gentil garçon qui fait un truc méchant mais qui redevient gentil, l’homme black ne sort qu’avec des femmes blacks, et ainsi de suite, la femme forte timide, l’intello moche… Et j’en passe. Ça rejoint un peu l’idée de la prévisibilité (plus haut), mais, là encore, de nouveaux héros et héroïnes de films et séries américains plus complexes et controversés apparaissent, on aime.
10. Le salut du monde entier
Une profonde reconnaissance, tout de même, s’impose pour le monde entier vis à vis des États-Unis : avez-vous une idée du nombre de fois où ils ont sauvé le monde ? Oui, un Américain, ça sauve la planète entière. Comme ça, au détour d’une balade pour aller grignoter un hamburger ou entre 2 bières pendant la pause du Superbowl (ah, non, pardon, pas pendant le Superbowl), ça sauve le monde entier. Des extra-terrestres, des Russes (oui, ça arrive), des volcans, des météorites, des virus, des abeilles, des méchants. Il faut dire que toutes ces catastrophes se produisent souvent chez eux aussi… Question : qui nous sauvera des Américains ?