Et les hommes en général… La réponse est oui, sans équivoque ! En témoigne le nombre de maquillages impeccables mis à mal par les élans de peine qu’ont générés nos différents amoureux, pourtant, différents sociologues affirment le contraire… Serions-nous devenues sexistes ? Par Marie May
Illustration: © Laurent Gaude
La première chose qui me vint à l’esprit en prenant connaissance de ce questionnement fut évidemment la place qu’occupaient les hommes dans nos vies… Tant d’efforts faits pour des personnes peu aimées? Je n’y crois pas une seconde, peut-être que les sociologues, le nez dans leurs études ont oubliés de comptabiliser les heures passées au téléphone ou les litres de larmes versées suite à une peine de cœur. Et qui dit peine de cœur dit forcément amour. Et pourtant…
Depuis plusieurs années, certaines féministes dont Elisabeth Badinter mettent en garde la société contre une dérive amorcée de la lutte pour l’égalité homme-femme. Elle dénonce notamment les droits accordés aux femmes au sujet des enfants (droit de garde, choix de garder un enfant, d’avoir recours à une IVG ou à une naissance sous X), qui avaient pour corollaire de priver le père de tout pouvoir de décision.
Certains sociologues l’ont rejoint sur des questions liées à la discrimination positive dont bénéficient les femmes et qui est illégal dès lors que cela concerne les hommes (consommation ou entrée gratuite dans les discothèques par exemple…)
Jusque-là, le discours est audible, mais peu convainquant quand on connait le nombre de père qui ne participe pas ou très peu à l’éducation de leurs enfants et par choix, cette fois-ci. Au moment précis où je pense à cela, je m’aperçois que je suis quand même chargée d’idées préconçues sur le sujet et comme cela ne me ressemble pas, je décide de creuser un peu plus loin…
Un syndrome post-traumatique ?
Très rapidement, je suis dans l’obligation de constater qu’effectivement, sans parler de sexisme, je peux tout à fait faire une liste interminable des qualités à peu près communes à toutes les femmes, de l’empathie en passant par la générosité, de la créativité en passant par la capacité de gérer plusieurs choses à la foi, de l’honnêteté jusqu’à la sensibilité… Et bizarrement lorsque je pense aux hommes, pas au mien, aux hommes en général, les premiers qualificatifs qui me viennent, juste après leur regard envoutant et leur jolie petite gueule, c’est leurs chaussettes qui trainent, leur éternelle insouciance, leur incapacité à prendre les autres –et surtout moi- en compte, leur esprit trop souvent binaire, leur égoïsme forcené, … Oups !
Bon, si ce n’est pas de la misandrie, ça y ressemble…Mais en même temps…Nous, ex petites jeunes filles fort bien élevées, avons grandi avec la certitude que ces beaux mâles qui attirèrent très tôt notre attention étaient en capacité de nous voler notre vertu en usant de leurs charmes magnétiques, nous laissant quelques heures après, seule, avec un étrange goût amer de déception, de tristesse et de culpabilité.
Nous avons également appris et continuons à apprendre que dans le monde, beaucoup d’hommes s’estiment détenteur d’un droit de vie ou de mort sur leur compagne, leur fille voire même leur mère…
Nous sommes les fruits issus de ces arbres, et même si aujourd’hui, dans nos sociétés, les lois et les meurs protègent la pauvre petite femme faible que nous sommes contre les dérives de nos moitiés, il règne un fumet de suspicion, un léger goût de terreur, parce que c’est sûr, ils sont capables du pire…
Nous, les femmes des années 10…
Voilà l’image qu’une grande majorité de femmes ont des hommes… Il y a une partie de nous qui les aime, pour sur… Il y a aussi une partie qui les craint, qui leur en veut, qui souhaiterait les voire devenir femmes…
Une fois cette réflexion faite, je me dis qu’il y a du boulot ! Impossible, inimaginable, insupportable, que je sois, moi, une femme des années 10, dans les chaussures graveleuses d’une macho du 21ème siècle.
La route sera longue, mais la destination probablement paradisiaque, je me rends compte d’à quel point il est facile de céder à l’inconscient collectif.
Je me fais une promesse, mais pas des moindres, je vais noter tout ce que chéri fait de bien, l’en remercier, cesser de le considérer comme un du et bien considérer que s’il est différent, il n’en est pas pour autant moins bien.
Parce qu’au-delà de la paix des ménages, il s’agit de la vision que nous avons de la société que nous sommes en train de construire… Ce n’était pas une revanche que nous voulions, c’était le respect de tous, dans leurs différences, dans nos différences…