En 1757, malgré son peu de goût pour la monarchie, le jeune Volnay a sauvé Louis XV de la mort, lors de l’attentat de Damiens. Pour le remercier, le monarque a créé pour lui la charge de commissaire aux morts étranges. Depuis, il a toute autorité sur les crimes inexpliqués. Aussi, lorsque le cadavre d’une femme sans visage est retrouvé dans Paris, le chevalier de Volnay se charge-t-il de l’enquête. Sur le corps, il découvre une mystérieuse lettre portant le sceau du roi. Quant à la présence de Casanova sur les lieux du crime, elle ne laisse pas de l’intriguer. A la demande du policier, la dépouille n’est pas emportée à la morgue du Châtelet mais confiée à son assistant, un moine aussi savant qu’hérétique. L’autopsie et les premiers éléments de l’enquête conduisent bientôt le chevalier de Volnay à Versailles, dans le cabinet du roi, dans les maisons aménagées par la marquise de Pompadour à l’intérieur du Parc-aux-Cerfs et dans le laboratoire de l’énigmatique comte de Saint-Germain. Surveillé de près par Sartine, le lieutenant criminel de Paris, qui voit d’un mauvais œil ce policier iconoclaste, mais aidé par le libertin Casanova, le commissaire aux morts étranges pénètre un monde d’intrigues et de trames, de passions et de déportements, de croyances et de forfaits.
Passionné d’histoire (mais ça se sent quand on le lit), fasciné par la psychanalyse, Olivier Barde-Cabuçon est un auteur français comme on en fait plus assez, cultivé et curieux. Négociateur dans un groupe international, il écrit le soir et les week end.
Vous pouvez retrouver l’auteur sur son blog officiel ici.
Ce polar, plus dans la veine du roman d’aventures que du polar cérébral, met en scène la France des Lumières avec une rigueur historique qui ravira les initiés, et permettra aux autres de s’instruire sans s’ennuyer. Car ici, les rebondissements se succèdent sans répit pour nos protagonistes dans une intrigue bien menée et très élaborée (je prétendrai bien avoir deviné la fin, mais il parait que ce n’est pas bien de mentir). Encore un livre que je répugnais à reposer tous les soirs… mais bon il parait que le sommeil c’est bon pour la santé.
Si je ne suis pas une fervente lectrice de romans d’aventures, j’ai quand même pris beaucoup de plaisir dans cette lecture, notamment grâce à l’écriture, élégante et enlevée. Si l’histoire est orchestrée d’une main de maître, les personnages n’en sont pas pour autant délaissés : chacun d’entre eux est très fouillé, et il est presque impossible de concevoir qu’ils ne sont rien de plus que des personnages. Malgré une passion affirmée pour Casanova (brillant et ambivalent comme je les aime), je me suis beaucoup attachée à l’atypique duo d’enquêteurs mis en scène par Olivier Barde-Cabuçon.
Enfin, plus que l’histoire, l’intrigue ou les quelconques rebondissements, c’est ce talent particulier de l’auteur pour décrire les sentiments des personnages et leurs ressentis qui m’a touché. Dans ces moments-là, ce n’est même plus la peine d’essayer de se détacher du roman. On ne peut plus que retenir son souffle avec le personnage, frémir quand il frémit, et prier pour qu’il ne meure pas, parce qu’alors Dieu seul sait comment nous pourrions le vivre.
Philomène Jonville
Le Grand Prix Sang d’Encre du salon du polar de Vienne a été attribué à « Casanova et la femme sans visage ».