Deux femmes parlent. Elles sont toutes deux iraniennes. L’une a grandi dans l’Iran du Shah, l’autre, née après la Révolution de 1979 n’a connu que le régime islamique. Ce livre est leur histoire : à deux regards et à deux voix. La plus jeune, Sheyda, est comédienne. Elle raconte son enfance, comment elle est devenue, très tôt, une vedette. Elle raconte sa vie étrange, sa gloire, ses démêlés avec la censure, son exil enfin. Quant à la femme qui écrit, Nahal, installée à Paris depuis trente ans, elle se rappelle l’Iran de sa jeunesse où elle plongeait dans la piscine de son lycée en bikini, où elle pouvait se promener sans foulard et en minijupe. Les deux femmes, miroir l’une de l’autre, apportent chacune des réponses aux questions qu’elles se posent. Qu’est-ce que vivre aujourd’hui, pour une femme, dans un Iran sous régime islamique ? Qu’est-ce qui est permis et ne l’est pas ? Comment dire les choses sans les dire ? Comment changer de vie ? Comment être une autre ? En un mot : comment jouer ? Au fil des pages, les deux femmes, finissent par ne plus en former qu’une. Ce livre ne ressemble à aucun autre, drôle, pathétique, violent, doux parfois, il sait nous émouvoir parce que ses accents sont ceux d’une réalité devenue fiction.

Albin Michel, 375 pages, 20.90 € (roman)



Née en 1960, Nahal Tajadod vit en France depuis 1977. Spécialiste du bouddhisme, du christianisme iranien et du poète perse Rûmi, elle a publié plusieurs essais dont Sur les pas de Rûmi (2006) et Les Porteurs de Lumière (2008), aux éditions Albin Michel. On lui doit également deux livres autobiographiques, Passeport à l’iranienne et Debout sur la terre.

Iranienne et comédienne, deux états antinomiques que Sheyda s’efforce pourtant de concilier au prix de souffrances et de difficultés invraisemblables pour quiconque vit dans un pays « libre ». Avec quelques touches d’émotion et pas mal de réflexion, Nahal Tajadod, qui a vécu sous l’Iran du Shah, raconte Sheyda, jeune femme vivant sous le régime islamique depuis toujours. Elle se raconte aussi, raconte la gestation de son livre et sa relation avec Sheyda, faite d’empathie, d’affection mais aussi d’incompréhension : ce que vit l’une reste inenvisageable pour l’autre, et vice versa.