J’ai l’impression de rédiger cet article il y a dix ans, preuve que le progrès fait des choix et qu’il aurait bien besoin d’en faire des bons de temps en temps, juste histoire de.
Être pigiste à Game Developer Magazine doit être vachement reposant, surtout lorsqu’on vous demande de faire l’enquête annuelle sur l’égalité des sexes dans l’industrie du jeu vidéo. Parce qu’au final, il en ressortira toujours une faible représentation de ces dames à seins dans le milieu et une rémunération souvent inférieure à celle de leurs homologues mâles. Pas de pot et sans surprises, c’est justement la conclusion de l’enquête de cette année. On pourrait croire qu’à force d’en parler et de déplorer cet état de fait (surtout que les raisons pour le justifier sont probablement bien discutables), les choses auraient changé pour le meilleur, ou du moins avancé dans ce sens. SI c’est le cas, alors sortez-moi de ma bulle que je voie de mes yeux ce monde forcément peuplé de licornes violettes qui sentent bon.
Principalement constitués de pourcentages en défaveur de la gente féminine, les résultats de cette étude démontrent que dans chaque secteur d’activité lié à l’industrie vidéoludique, les femmes souffrent d’un manque de présence et du fait d’être moins bien payées que les hommes. L’emploi où l’on trouve le plus de femmes est celui de « Producer », avec 23% de représentantes. Suivent « Business and Legal » (18%), « Artists and Animators » (16%), « Game Designers » (11%), « Audio Developers » (4%) et « Programmers and Engineers » (4% itou).
Et dans chacun de ces secteurs (comme je ne cesse de le répéter depuis tout à l’heure pour vous abrutir comme sait si bien le faire 90% d’Internet), les femmes sont moins bien payées que les hommes. Les Programmeuses et Ingénieures sont rémunérées en moyenne 96 000 dollars par an, soit en moyenne 4,5% de moins que le sexe fort (désolé, je cherchais un synonyme). A l’inverse, on constate la plus grosse différence chez les Développeuses Audio, payées 65% moins chers que les hommes (50 000 contre 83 000 dollars par an, toujours en moyenne). Si la question de la présence en elle-même de la femme dans l’industrie du jeu vidéo peut être soulevée (on est censé embaucher des gens selon leurs compétences, pas d’après des critères ayant traits au sexe, bien que le regard féminin soit souvent intéressant du fait de sa rareté dans le milieu du jeu vidéo), impossible de ne pas faire les yeux ronds sur le problème des salaires pas du tout équitables entre hommes et femmes. D’ailleurs, à titre personnel, je reste étonné qu’une action d’envergure visant à faire régulariser les rémunérations indépendamment du sexe une bonne fois pour toutes n’ait pas déjà été initiée. Je vous laisse, je dois me préparer, une canicule se pointe à l’horizon.
Source : Annual developer survey supports need for gender balance (GamesIndustry International)