Flirter ou se conter fleurette au temps du confinement s’est avéré chose compliquée. Toutefois, les réseaux sociaux ont permis de garder un lien, d’approfondir une relation naissante voire de faire de nouvelles connaissances. Mais, après le confinement, qu’adviendra-t-il de ces liaisons virtuelles ? Si les amoureux transis attendent avec impatience de se retrouver, pour d’autres, séduits sur la toile par une possible ou une improbable âme sœur, le moment de la rencontre inédite pourrait s’avérer une source d’angoisse, de doutes et de questionnements. L’amour confiné déconfiné. Ou de l’exaltation exacerbée à la redoutée déconfiture…
Occuper son temps
Pendant le confinement, l’idée était d’occuper sa journée dans son espace limité. Pas d’ennui. Pas de temps mort. Travailler ou télétravailler, se lancer dans des activités créatives et ludiques, combler les manques, compenser la solitude pour certains, et, pourquoi pas, rêver d’amour. Pas facile de faire connaissance quand il était impossible de sortir, lorsque tous les lieux de rencontres potentielles étaient fermés. Mais c’était sans compter sur les sites de rencontres, Facebook ou Instagram.
On a entamé une discussion, doucement mais sûrement, les choses ont semblé prendre forme. On s’est dit qu’on avait peut-être trouvé la perle rare. Mais on ne s’est pas précipité. Inutile de s’emballer puisqu’on était confiné chacun chez soi pendant plusieurs semaines. Alors on s’est mis à échanger. Les échanges virtuels se sont envolés puis ont fini par perdre de leur insouciance et de leur légèreté pour devenir plus intimes et profonds. Au fil des semaines, une complicité a éclos, la confiance s’est installée, les liens se sont renforcés… Et la date du rendez-vous qui se rapproche. Peut-être que cette rencontre, au départ anodine, pourrait mener les protagonistes à quelque chose de singulier, en dehors des sentiers battus, loin de ce qu’ils ont envisagé, au-delà même de leurs attentes.
L’amour confiné déconfiné : du virtuel au réel
Et chacun s’est mis à douter, à redouter cet instant où la relation passera du virtuel au réel, de l’imaginaire au concret. C’est bien une personne faite de chair et d’os à laquelle on a commencé à s’attacher. Mais peut-être l’a-t-on idéalisée pendant toutes ces semaines ? Et si tout ça n’était que le reflet de ses propres fantasmes ? Peut-être après tout que la déception sera de mise lors de la rencontre physique. On pourrait ne pas se plaire… Pourtant on a préparé le terrain, on a échangé des photos, on s’est averti, ni promesse ni attente. Surtout ne pas être pris au dépourvu. Et puis le rendez-vous est encore loin. Sauf que la date approche.
Le décompte de l’amour confiné vers l’amour déconfiné a commencé. Plus les jours, les heures et les minutes s’égrènent, plus le stress monte. Un état où se mêlent envie, désir mais crainte aussi. La peur de l’autre. La peur de soi aussi et de ses propres réactions. Et si l’on avait sous-évalué le pouvoir de l’attraction qui ne s’explique pas ? Et si l’alchimie n’avait pas lieu « en vrai » ? Puisse l’amour n’être que chimère ?
Le feeling est bon, tout passe
Les heures ont défilé à vive allure, chacun derrière son écran. Tout a coulé de source, il n’y a aucune raison pour que la magie n’opère pas. On se rassure comme on peut. On se cherche des explications, on essaie de rationaliser ce qui ne peut l’être. Pourquoi être déçu alors que l’on n’attend rien ? Oui mais finalement, on se rend compte qu’on se projette quand même un peu, qu’on a envie de plus, de se connaître davantage, de sortir, de s’amuser ensemble… Et de continuer à discuter encore et encore de tout et de rien. On veut avoir confirmation, confirmation de son bon choix d’aimer (mais choisit-on vraiment d’aimer et qui aimer ?), confirmation d’entretenir une liaison qui en vaut la peine… Savoir si on est bel et bien attiré réciproquement, si on ne s’est pas menti mutuellement, si on ne s’est pas leurré sur la nature de la relation. Et les craintes qui affluent… La crainte d’un retour à une réalité moins romantique et plus âpre. La crainte d’être éconduit. D’avoir surestimé la situation et de s’être fait des films. La crainte d’avoir perdu son temps pendant tout ce temps… Et puis on voudrait voir comment les choses vont se préciser, se dessiner réellement.
Allez, on met ses tergiversations et ses inquiétudes sur pause, on se fait confiance et on se lance ! Lâcher de serviette et plongeon dans le grand bain. En attendant de voir si demain sera à la hauteur des songes partagés. Vivre c’est expérimenter, vivre c’est vibrer.
Il est des êtres dont c’est le destin de se croiser. Où qu’ils soient. Où qu’ils aillent. Un jour ils se rencontrent. (Claudie Gallay)