Cela faisait très longtemps que j’avais envie de rencontrer les « Vertugadines ». Voilà qui est chose faite depuis le 12 avril ! Ces trois costumières passionnées ont eu la gentillesse de m’accueillir dans leur espace pour me parler de leur métier. Pénétrer dans l’atelier des Vertugadins, c’est découvrir un univers extravagant, féerique et… studieux.

Un coin d’atelier

Guënic, Émilie et Clémentine sont un trio pas comme les autres. Elles proposent des prestations extrêmement variées, car elles ont décidé de ne pas choisir entre leurs différents centres d’intérêt. Que font-elles ? Elles imaginent et réalisent des costumes pour le théâtre, l’opéra, le cinéma, la télévision, l’événementiel, les jeux de rôle grandeur nature (GN), les reconstitutions… Elles créent également des robes de mariée, quand elles ne donnent pas des cours de couture et de customisation !

Panneau d’inspiration

La multiplication des activités et des publics (professionnels et particuliers) leur permet de ne pas s’enfermer dans un carcan et d’explorer tous les domaines qui les attirent. Et, s’il n’y a « jamais rien de rébarbatif » dans leur travail, rien n’est jamais acquis non plus. Les filles sont souvent « sur la corde raide pour tout réussir » et confient que, sans leurs stagiaires, qui leur sont d’une aide précieuse et qu’elles intègrent autant que possible à la vie de l’atelier, elles ne s’en sortiraient pas.

Rangement organisé pour s’y retrouver

Les trois amies travaillent à leur façon. Elles ont à leur disposition tout un panel de techniques différentes, issues de la haute couture, du théâtre ou bien des stricts procédés de reconstitution de vêtements d’époque. Leur métier les incite à se remettre constamment en question et à effectuer de nombreuses recherches, souvent selon « un cahier des charges très lourd ». Des recherches historiques, tout d’abord, pour s’imprégner des coupes et des tissus de l’époque sur laquelle elles doivent travailler, mais aussi des recherches de méthodes, pour réussir à patiner un vêtement de façon crédible, par exemple.

Une bibliothèque bien fournie pour les recherches

Pour le théâtre, les trois costumières sont souvent appelées à travailler en étroite relation avec les équipes techniques car les costumes, la lumière et le décor doivent créer une alchimie subtile, que le spectateur percevra de loin, sans toutefois en « capter » les secrets. C’est le règne de l’astuce : le trio réalise souvent des fausses broderies avec de la peinture, des trucages pour réduire les coûts, etc. Le choix des tissus s’avère être un critère important, car chacun possède sa teinte propre, sa manière de réagir à la lumière, au mouvement, etc. Saviez-vous qu’au théâtre, le vrai noir n’existe pas ? Il n’y a que des « faux noirs », plus ou moins rouges, verts ou bruns.

Une partie du stock de costumes de location

Pour le cinéma, Guënic, Émilie et Clémentine effectuent un véritable travail de stylistes, en lien étroit avec les exigences du réalisateur. Elles recherchent des silhouettes capables de refléter la personnalité de l’acteur tout en s’adaptant à son corps pour le laisser « vivre » son personnage. Elles peuvent également être amenées à réaliser le même costume plusieurs fois, en le patinant ou en le maltraitant progressivement, de manière à retracer le « vécu » du vêtement tout au long du film : elles contribuent à la magie du cinéma en permettant des raccords crédibles. Et si, dans ce cas précis, Guënic évoque « le plaisir de salir », il ne s’agit pas de le faire n’importe comment ! Ce jour-là, les filles étaient d’ailleurs confrontées à un problème de galon métallique qu’il fallait patiner – avec du cirage – sans le cartonner, en lui donnant un reflet vieil or : pas si facile.

Expérience en cours sur des galons…

Le trio avoue devoir faire preuve d’une grande force de caractère pour travailler avec des équipes de cinéma ou des troupes de théâtre. Les costumiers – en général – sont en effet les récipiendaires du stress des réalisateurs, des comédiens, etc. La responsabilité d’une représentation ratée leur retombe souvent dessus ! C’est la preuve de l’importance de l’apparence, que ce soit dans un univers fictionnel ou réel. D’ailleurs, Guënic insiste sur le fait que « le costume sert le spectacle » et ajoute que « si les costumes n’existaient pas, le monde serait bien triste ». À méditer.

Un extrait du travail du photographe Stéphane Casali pour le musée Henner, costumes réalisés par Les Vertugadins

Les Vertugadines apprécient la nouvelle vogue des mariages à thème, qui permettent aux futurs mariés d’organiser leurs noces comme des metteurs en scène. Cela donne lieu à des réalisations rigolotes ou inhabituelles, comme cette robe sur le thème du cirque, par exemple. Les femmes ne sont pas les seules à désirer un peu d’originalité dans ce domaine. Les hommes, lassés de l’uniformité des costumes actuels, se tournent eux aussi vers des couleurs ou des coupes originales, mais toujours avec « une idée précise de la fantaisie » en tête. Aux créatrices de s’adapter, avec tact et talent, bien évidemment.

Robe de mariée sur le thème du cirque

Enfin, les rôlistes – c’est-à-dire les joueurs de GN – viennent à l’atelier des Vertugadins pour confectionner eux-mêmes leurs costumes. Leur panoplie doit refléter tantôt la reconstitution minutieuse d’une époque donnée, tantôt la création d’un univers de science-fiction, ou encore une variation sur le thème médiéval fantastique. Il y en a pour tous les goûts ! Guënic, rôliste enthousiaste, décrit « un milieu dépaysant, abracadabrant, amusant, convivial et génial ». Oui, tout ça !

Family Vampire pour GN

On l’aura compris, les trois Vertugadines s’éclatent et brouillent les frontières entre rêve et réalité, pour le plus grand bonheur de nos yeux ! Justement, selon Guënic, lorsqu’il y a « des paillettes dans les yeux du client, ça vaut tous les salaires de la Terre ». Que ça pétille !

Si vous souhaitez en savoir plus sur les prestations des trois Vertugadines, vous pouvez visiter le site www.vertugadins.com

Toutes les photos sont de moi, sauf celles de Stéphane Casali et Family Vampire, aimablement fournies par le photographe et Les Vertugadins.