Isabelle Monnin, l’auteure, a acquis, par hasard, sur Internet, un album de photos d’une famille, inconnue d’elle. Ces photos datent des années 60. Elles l’intriguent, la fascinent, stimulent son imaginaire. Isabelle Monnin construit une histoire à partir de ce que lui inspirent les images…
Résumé
Isabelle Monnin, l’auteure, a acquis, par hasard, sur Internet, un album de photos d’une famille, inconnue d’elle. Ces photos datent des années 60. Elles l’intriguent, la fascinent, stimulent son imaginaire. Isabelle Monnin construit une histoire à partir de ce que lui inspirent les images, visages, attitudes, époque de ces photos. C’est la première partie du livre.
C’est une histoire d’abandons. De l’abandon dont sont capables et victimes les femmes. trois femmes, trois formes d’abandon, à moins que ce ne soient les trois âges de la vie d’une même femme : l’abandon par la mère, l’abandon amoureux, l’abandon à la mort.
Plusieurs histoires belles et tragiques s’entremêlent : histoire d’une attente, d’un deuil impossible, d’une passion, d’un exil, d’une mort attendue. Des prénoms ou des surnoms sont donnés.
Puis l’auteure décide, après avoir imaginé ces destins, de partir à la recherche de la vraie famille sur les photos. Et relate son enquête dans la deuxième partie du livre.
Isabelle Monnin retrouve le village, grâce au clocher d’une des photos, la maison, et se fait connaître du propriétaire de la maison, un des personnages des photos. Elle noue un dialogue, dans une relation de confiance avec lui puis d’autres membres de la famille, qui va lui permettre de reconstituer la « vraie histoire » de cette famille. Et là, on est époustouflé par les similitudes de situations, et même de prénoms ! Ainsi, le prénom Laurence, donné à la petite fille présente sur les photos, s’avère être son vrai prénom, ce que découvre Isabelle Monnin avec stupéfaction…
« Laurence » s’appelle Laurence. Laurence débarrassée de ses guillemets, mais Laurence quand même, Laurence deux fois, Laurence ici et là, Laurence à égalité dans la fiction et l’enquête, vraiment Laurence.
Les thèmes se retrouvent tous, appliqués différemment : l’abandon, oui, a bien eu lieu, celui de l’homme abandonné, trois fois : pas de père, une mère qui ne l’élève pas, et deux femmes qui le quittent brutalement.
Toute sa vie l’abandonné se débat contre le même monstre vide, il s’entaille à ses invisibles griffes. L’abandon est un fardeau creux. Il pèse des tonnes.
L’auteure a deviné, ressenti, approché quelque chose de la trame de l’histoire de cette famille.
Comment est-ce possible ? Entrelaçant les découvertes faites lors de son enquête, l’auteure place des phrases du roman imaginaire, croisant ainsi le réel et l’imaginaire en une trame unique.
Alex Beaupin, ami d’Isabelle Monnin, mis au courant du projet dès le début, propose de faire des chansons, à partir des photos. Un CD est réalisé, non seulement avec les chansons d’Alex Beaupain, chantées par plusieurs chanteurs et des comédiennes, mais aussi par des « gens de l’enveloppe », qui reprennent parfois des chansons qu’ils aimaient à l’époque, comme ‘les mots bleus’ par exemple.
Les gens dans l’enveloppe
Isabelle Monnin
Editions Le Livre de Poche
Paru le 21 septembre 2016
432 pages
8,90€
Auteure
Isabelle Monnin est journaliste et écrivain. Elle a écrit plusieurs romans.
Voici son site pour avoir un aperçu de son travail : isabellemonnin.wordpress.com.
Notre avis
Les gens dans l’enveloppe est un livre particulier, pas ordinaire, parce que décliné en plusieurs formes : des photos, un roman, une enquête journalistique mêlée de recherche généalogique et des chansons.
Ce livre est un petit bijou qui donne à réfléchir intensément. A la mémoire, premièrement. Nous sommes fascinés nous aussi par l’ambiance de ces photos, qui montrent une époque complètement disparue. Celle des années 60/70. A cette intuition qui a mené l’auteure vers cette famille, comme par hasard issue de la même région qu’elle. Pourquoi a-t-elle été attirée par eux, pourquoi a-t-elle deviné tant de choses sur eux ?
L’écriture est magnifique, avec des instantanés poétiques et une profondeur de pensée.
Les interrogations de l’auteure sur la vie apparaissent de ci de là, la douleur de la perte se devine en toile de fond.
L’enquête s’apparente en fait à une recherche généalogique. « Des gens » sortent de l’ombre, leur histoire familiale est tirée de l’oubli, du fond des mémoires. Comme chacun pourrait le faire avec sa propre histoire familiale.
Jamais je n’aurais pensé que ma vie intéresserait quelqu’un. Quel est l’intérêt de raconter ça ?
Je crois que toute vie vaut la peine d’être racontée, chaque vie est un témoignage de toutes les autres.
La nostalgie est bien présente, les blessures anciennes affleurent toujours. Loin d’être banales, les vies sont complexes, mouvantes. Des personnages sur plusieurs générations définissent un ensemble composite et aux multiples ramifications et rebondissements : le destin d’une famille.