Michelle Shaprow - pochette Earth One

Michelle Shaprow – « Earth One » – BMG – sorti le 3 septembre 2014 au Japon (iTunes et CD)

Sorti depuis peu au Japon, le second opus de Michelle Shaprow, baptisé « Earth One », fait suite à un très enthousiasmant premier album. Son principal défaut ? Son indisponibilité temporaire à la vente en dehors de l’archipel nippon.

En 2011 paraissait Purple Skies, et ce premier jet de l’américaine Michelle Shaprow s’imposera dans certains pays d’Asie tels le Japon et la Corée du Sud sans toutefois jouir d’une popularité suffisamment grande en Occident pour que son interprète reçoive une reconnaissance internationale, laquelle semblait pourtant lui tendre les bras. Faisant désormais partie de la maison BMG, Michelle Shaprow « nous » livre en 2014 une nouvelle fournée de morceaux dont la teneur va être ici évoquée. Pour vous prévenir de ce à quoi vous attendre le moment venu.

Earth One m’a déçu une première fois, parce que je ne l’avais pas compris. Parce que j’avais clairement en tête mon idée préconçue de ce à quoi devait ressembler ce second album de Michelle Shaprow. Le premier m’ayant empli de joie et d’espoir, la faute à cette exploration d’accords peu communs et pourtant si éclatants. Dans mes oreilles, « Always belong to you » s’était détaché du vaisseau Purple Skies pour s’imposer en tant qu’emblème et j’attendais innocemment qu’un équivalent se glisse dans son successeur. Après l’écoute répétée de ce nouvel opus riche de seize morceaux, il s’avère que cette espérance était vaine. Condamner Earth One pour cette apparente faute aurait cependant été aussi inapproprié que de blâmer ces biscuits nommés « éclats croquants de noisettes », juste parce que je m’attendais à ce qu’ils soient nappés de chocolat. Au final, j’en suis venu à manger le dernier petit gâteau de la boîte en me désolant que ce plaisir prenne fin. Ce serait trop facile d’avoir le juste coup d’œil à tous les coups.

Michelle Shaprow - Earth One

Surtout que dès le premier morceau qui donne son nom à l’album, on observe une apparente volonté d’envelopper l’auditeur dans un autre monde que le sien, mais finalement pas très éloigné de lui. Il est cependant quelque peu regrettable que le caractère particulier de cette piste ne se retrouve pas plus loin dans l’album. Mais « Earth One » (la chanson) nous fait déjà renouer avec des atmosphères oniriques rencontrées dans Purple Skies (l’album), et de par certains de ses phrasés, nous ramène même à la bande originale de Final Fantasy XIII (au même titre de « Rain movement one », arrivant un peu plus tard dans la tracklist). Quant à l’entêtant « Fly to you », il évoque aisément une nuit semblant ne jamais vouloir prendre fin. Ce morceau, comme bien d’autres, captive par des accords pratiquement toujours interpellants, et concourt à installer un exquis songe auditif. On peut certes avoir l’impression du sacrifice d’un titre porte-étendard au profit d’une unité quasi-parfaite, laquelle demandera plusieurs lectures de l’album avant de pouvoir être constatée. Et sans prétendre à être capable de rentrer dans la tête de Michelle de Shaprow (ce qui reviendrait un peu à diviser 10 par 3), impossible d’ignorer la grande qualité de production de l’ensemble. Je pensais écrire que ce second opus m’est apparu moins puissant que le premier en raison de l’absence de morceaux « punchy », mais le jeu des comparaisons devient lassant. Michelle signe ici la suite de sa carrière studio avec une œuvre cohérente partageant des points communs positifs avec ses premiers travaux, mais qui révèle dans le même temps de nouvelles caractéristiques de l’artiste. L’accepter, c’est déjà rendre l’album meilleur. Mais étant donné que la plupart d’entre vous ne sont probablement jamais entrés au contact de la musique de Michelle, retenez simplement qu’Earth One est un indispensable. Comme ça, c’est réglé.

Earth One devrait prochainement être disponible chez nous, mais rien ne vous empêche de demander gentiment à Michelle Shaprow de vous l’envoyer digitalement. L’artiste a en effet indiqué sur sa page Facebook qu’elle acceptait de le communiquer gratuitement aux personnes vivant dans des territoires où l’album n’est pas encore paru. Il s’agira alors dans ce cas de faire preuve de patience, Michelle Shaprow étant, figurez-vous, très sollicitée.