La recherche en psychogénéalogie s’apparente à une véritable enquête, destinée à rendre conscient  ce qui nous lie à notre histoire trans-générationnelle. Le but est de donner quelques explications à certaines difficultés rencontrées, répétitions de traumatismes anciens que les générations au dessus ont laissés en l’état, n’ayant pu les surpasser psychiquement. Il s’agit donc de se libérer d’un certain déterminisme, d’un certain poids, celui assigné par des événements difficiles et répétés dont on est inconsciemment porteur, car relié à notre lignée.

 
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La recherche psychogénéalogique est possible et fructueuse si on se sent relié et alourdi par la transmission de génération en génération. Construire son arbre en psychogénéalogie est alors un véritable chemin initiatique, fait de multiples vibrations ressenties, de connections qui étaient ignorées et qui, une fois mises à jour, sont sources de résonances. Ces résonances à l’œuvre font travailler psychiquement, afin que les éléments s’intègrent d’eux-mêmes. Parfois, un acte symbolique, destiné aux ancêtres dont on porte quelque chose, aidera à mieux mettre à distance, à ne plus s’alourdir d’un fardeau plombant inconsciemment notre vie d’aujourd’hui.

L’arbre véhicule des souffrances au travers des divers manques et drames cachés qui l’émaillent : deuils terribles, amours impossibles, origine  inconnue, rupture de filiation, relations incestueuses, abandons, confusions des place et des rôles familiaux, échecs professionnels, faillites, maladies, exils, guerre, maladie mentale, etc. Toutes choses dont les générations antérieures ne parlaient pas, sources de honte et de souffrance silencieuse et indicible selon les tabous religieux et sociaux auxquels nos aïeux étaient la plupart du temps soumis.

Pour créer son arbre généalogique, en plus des éléments déjà en notre possession, on complète les recherches avec des documents réels. En effet, seules des informations attestées permettent de retrouver des secrets de famille bien enfouis, des histoires « oubliées ». Les documents sur lesquels se basent le travail en psychogénéalogie sont ceux de tout généalogiste : actes de l’état civil (naissance, mariage, décès), recensement de population, qui avait lieu tous les 5 ans, actes notariés. Les archives sont conservées et peuvent être compulsées aux salles de lecture des Archives Départementales et la numérisation d’une grande partie des documents étant bien avancée, pour beaucoup de communes, on peut directement y accéder sur Internet, jusqu’aux années 1920 en principe.

Exemple : Jean fait une recherche, à l’aide d’une psychogénéalogiste, dans l’histoire de ses aïeux pour, d’une part, comprendre pourquoi des bouffées de tristesse teintée de nostalgie l’envahissent régulièrement, sans qu’il en observe les raisons et, d’autre part, pour tenter de trouver une singularité de sa naissance, source de souffrance et sur laquelle il s’est toujours posé beaucoup de questions : Jean est « né de père inconnu », seule sa mère l’ayant déclaré à la naissance. Le travail a d’abord consisté à démarrer graphiquement la représentation de l’arbre de Jean, à partir des éléments déjà en sa possession. Des codes de représentation permettent de repérer les événements et 1ères concordances. Des éléments sont soulevés par la psychogénéalogiste, grâce auxquels la mémoire familiale « parle ». A chaque séance, Jean apporte de nouveaux documents, et de nouvelles informations, issues de ses recherches sur le site des Archives Départementales.

L’arbre « parle » de plus en plus.

Jean découvre ainsi une aïeule « enfant naturelle », terme utilisé sur les actes d’état civil pour désigner l’enfant né de mère célibataire et de père inconnu. Cet événement a été soigneusement masqué pour les générations suivantes, et personne n’en a jamais parlé. De plus, Jean découvre une suite impressionnante de deuils dans sa lignée : des veuves qui très jeunes élèvent seules plusieurs enfants, des orphelins qui à leur tour meurent jeunes laissant des orphelins… Les occurrences se retrouvent dans chaque branche et donnent un tableau global fortement teinté par la mort des pères, laissant passer un message d’une génération à l’autre : on ne peut pas compter sur l’homme…

Toute interprétation en psychogénéalogie se fait en séance, avec le sujet venu travailler sur son arbre, il ne doit s’agir en aucune manière d’un schéma calqué. Ainsi, par plusieurs entrées, on finit par découvrir tous ces principes et croyances issus de l’histoire générationnelle, auxquels chacun s’assujettit sans le savoir. C’est ce que révèle l’étude de l’arbre.

En conclusion. Travailler sur son arbre généalogique a pour but de « soigner » son arbre lorsque celui-ci est porteur de pathologies et souffrances. Et retrouver ses racines pour mieux se sentir exister en ce monde, au-delà de ce dont on est porteur inconsciemment. Il s’agit d’explorer les résonances de ces souffrances, qui arrivent jusqu’à nous, les reconnaître, rencontrer leur force et ensuite les lâcher. Car le plus grand obstacle à cette libération est peut-être la difficulté à oser s’affranchir d’une suite de répétitions, qui fondent l’identité familiale, à oser se désolidariser de ceux qui nous ont précédé. Il faut ainsi s’autoriser à quitter la souffrance de la lignée, sans se sentir coupable et sans en attendre de « punition ».Oser se libérer de ses loyautés invisibles est un chemin initiatique, qu’il faut prendre le temps d’accomplir en toute conscience, à son rythme, lorsqu’on se sent prêt à le faire.

Pour en savoir plus

Magazine La marche de l’histoire, Hors série n°4 : généalogie.

Livre Aïe mes aïeux !, Anne Ancelin Schützenberger; Éditions Desclée De Brouwer. Voir sur Fnac.com.

Livre ABC de psychogénéalogie analytique : comment faire parler la mémoire de vos aïeux, Anne Camus, Éditions Grancher. Voir sur Fnac.com.

Livre ABC de la Psychologie transgénérationnelle, Valorisez votre héritage, Juliette Allais, Éditions Grancher. Voir sur Fnac.com.

Livre L’écorce et le noyau, Maria Torok, et Nicolas Abraham, Éditions Flammarion. Voir sur Fnac.com.

Site web : www.geneanet.org.

Émission Retour aux sources, où on suit un sujet dans sa  quête de ses origines. Ici, le lien vers celle diffusée en juin 2016, avec l’acteur François Berléand. Passionnant ! https://vimeo.com/171728642.