Dans l’atmosphère de violence radicale et de précarité qui prévaut actuellement, grandit en chacun de nous, plus ou moins consciemment, une sensation d’insécurité globale. Notre besoin fondamental de donner du sens à la vie est mis à mal. Nous accumulons les traumatismes collectifs, nous sommes dans un état de sidération, collectivement, politiquement. Ce qui nous arrive impacte en profondeur notre vie psychique.
Dans un tel contexte, nous avons besoin de nous ressourcer, de nous ancrer dans notre sécurité intérieure. C’est une nécessité vitale. La psychologie positive peut nous y aider. Profitons des vacances, propices à la détente, pour nous ressourcer intérieurement.
Qu’est ce que la psychologie positive ?
C’est une science née il y a 2 décennies, qui consiste à construire une véritable philosophie de vie, concrètement, dans le quotidien de nos vies. Une science accessible à tous.
Il ne s’agit pas de naïvement se conduire dans la vie, et s’imaginer que tout va bien. Bien au contraire, la psychologie positive incite, tout en étant parfaitement conscient des réalités de la vie, à nous permettre de développer nos capacités au bonheur. Elle pose le postulat que chacun d’entre nous possède cette capacité, souvent mal connue, pas exercée.
La psychologie positive déclare que l’individu peut, en s’entraînant pratiquement, augmenter son potentiel de satisfaction à vivre.
La pratique de la psychologie positive ne peut s’accomplir et avoir des effets que si l’on a, par ailleurs, et en amont, fait le tour des blocages et névroses qui nous encombrent trop. La psychologie positive n’est pas pour guérir, mais pour cultiver l’art du bonheur de vivre, après guérison, si nécessaire.
On peut entraîner le psychisme à ressentir des émotions positives, agréables, et ainsi transformer l’état psychique dans le sens d’une plus grande aptitude au bonheur.
Comment faire, concrètement ?
Des exercices simples peuvent être mis en place, dans votre vie, profitant du temps des vacances, pour vous recentrer sur vous, votre intériorité et votre rapport au monde, aux autres.
Un peu de méditation tous les matins. La méditation n’a rien de compliqué à mettre en place. Il suffit de vous asseoir, 5 minutes, dans un endroit calme. Et vous restez ainsi, concentrées sur votre respiration ventrale. Simplement. Vous laissez défiler les pensées, vous ne les accrochez pas, elles passent. Vous restez juste en contact avec vous-mêmes. Cette simple présence à vous, quelques minutes par jour, est déjà un tremplin pour le ressourcement.
Vous pouvez aussi consacrer, par exemple, une heure de votre journée à vous placer en pleine conscience de ce que vous êtes en train de faire, quelles que soient vos activités pendant cette heure. C’est votre « happy hour », temps de conscience à soi. La pleine conscience signifie être présent ici et maintenant. Prendre conscience de ce qui est en train de se passer, de ce qu’on fait, dit, sans jugement, sans projection, sans partir ailleurs, en pensée et en imagination. Juste être présent à soi, là, dans son corps. Cela consiste à relier pensée et corps. La pensée est dans le corps. Cela n’est pas si facile à tenir longtemps. Cela vaut le coup d’essayer. Les sages ont tous développé cet état d’être.
Pendant les vacances, faites des pauses d’action dans votre journée. Cessez toute activité, et contemplez un paysage : la mer, des arbres, un ciel, un champ d’herbes. Les temps de contemplation de la nature sont des temps d’ancrage dans le monde. Apprenez ou réapprenez à prendre contact avec vos cinq sens au cours de ces contemplations. La vue : que voyez vous autour de vous ? Restez un moment concentrées sur les couleurs, les formes, les mouvements. Puis fermez les yeux, et concentrez-vous sur les sons, les bruits, chants d’oiseaux, bruit des vagues, cris et rires des enfants au loin. Continuez par l’odorat, quelles sont les odeurs que vous pouvez percevoir ? L’air marin, la terre, l’odeur de la pluie… Ensuite concentrez-vous sur le toucher, les sensations du vent sur votre visage, l’herbe sous vos pieds, le sable entre vos mains… Enfin concentrez votre attention sur le goût, parfois salé en bord de mer, un brin d’herbe à mâchonner et son goût de chlorophylle, ou juste le bon café que vous venez de boire… Faites ce type de méditation par les 5 sens plusieurs fois au cours de vos vacances. Ancrage en soi garanti.
Prenez conscience de l’importance de votre lien aux autres, et de la nécessité de prendre soin de ce lien. Accordez du temps aux amis, les moyens de communication à distance le permettent, à la qualité de la relation entretenue avec vos proches… Si des dysharmonies règnent, il faut vous en occuper. L’autre n’est pas là pour combler nos manques, il est un plus, il devrait être remercié pour sa présence, pour le temps qu’il nous consacre. En prenant conscience de la fragilité de la vie, et de nos psychismes, nous pouvons nous aider nous-mêmes à aller vers l’essentiel. Cet entretien du lien aux autres est juste à mettre en place, concrètement, activement, réellement.
Ce ne sont que quelques exemples et il y a beaucoup d’autres actions possibles pour construire le bonheur de vivre. Le positif s’apprend. Nous devons prendre soin de nous et de nos psychismes en souffrance collective.
Pour vous aider :
Je vous propose une petite bibliographie. Il existe de nombreux ouvrages, prenez le temps de choisir. Puisez dans ce qui vous parle, des ouvrages de philosophie, de sagesse, aux auteurs plus ou moins connus, de notre civilisation ou d’autres plus lointains, d’aujourd’hui ou d’hier. Prenez-en plusieurs pour vous nourrir de plusieurs sources et construire votre propre approche de « votre bonheur ». Car chacun a le sien…
Les chemins de la joie, Isabelle Filliozat
Et si je vivais le moment présent !, Florence Thomas
Propos sur le bonheur, Alain
Vers la sobriété heureuse, Pierre Rabhi
Les huit marches vers le bonheur, Vénérable Henepola Gunaratana
Le goût de vivre et cent autres propos, André Comte-Sponville