Quel personnage déchaina les passions et l’imaginaire collectif autant que Sherlock Holmes ? Très peu, voire aucun. Mythique, adoré ou détesté, il laisse rarement indifférent. On ne compte plus les pastiches et parodies qui lui sont consacrés depuis sa création où déjà James Barrie, ami proche de Conan Doyle, lui prêtait vie sous sa plume. On pourrait croire qu’il finirait par lasser mais pourtant, plusieurs siècles après l’ère victorienne où il prit ses fonctions, Sherlock Holmes continue à faire parler de lui. La preuve en treize pastiches et parodies décalés et inventifs où vous découvrirez des facettes insoupçonnées de ce personnage légendaire.
Editions Payot-Rivages
9,50 euros
Sherlock Holmes dans tous ses états est une anthologie établie par Jean-Paul Gratias.
Dan Fiorella collabore régulièrement à une émission de radio et à plusieurs publications en qualité d’auteur. Il a participé à plusieurs scénarios et a écrit quelques textes pour la radio.
Jean-Marie Villemot travaille pour une grande banque française. En parallèle il a publié quatre romans depuis 2000 dont trois qui suivent les enquêtes du père Brigand.
Bob Garcia, ingénieur de formation, partage son temps entre la musique, l’écriture et l’animation de conférences.
William Kotzwinkle est romancier, nouvelliste, poète, scénariste, et excelle dans tous les genres littéraires. En 1983 il a publié un recueil de pastiches mettant en scène Sherlock Holmes et le docteur Watson chez les insectes : Du grabuge chez les insectes.
Stephen Leacock fut d’abord instituteur avant de devenir professeur d’économie et humoriste.
John Sladek est surtout connu comme auteur de science-fiction mais il s’est essayé à d’autres genres littéraires. Il est particulièrement féru d’expériences de création littéraire.
Chris Wood a été enseignant, auxiliaire de santé dans un service psychiatrique, travailleur social, claviste et administrateur. Ce qui ne l’a pas empêché d’écrire une parodie de Sherlock Holmes entre deux.
Ole Joe est un pseudonyme derrière lequel se cache un auteur qui serait a priori finlandais, mais rien n’est sûr. Sa nouvelle a été trouvée sur internet et il a été impossible de le contacter.
Andrew Starling est un programmeur qui consacre ses moments de liberté à l’écriture de romans, poésies, nouvelles et poèmes pour la plupart consultables sur son site internet ici.
Tiffus Pepe et Géo Thélaarm sont d’illustres inconnus. Leur texte fut trouvé dans une vieille plaquette datant de 1912.
Décalé et inventif, c’est certain. Mais en parodie comme ailleurs, point trop n’en faut. Certes, on ne s’attend guère à aimer l’ensemble d’un recueil de nouvelles. Trop de styles et d’auteurs différents. Mais pas au point non plus de s’ennuyer sur plus de la moitié des textes. Et pourtant…
Aux pastiches, sympathiques sans être extraordinaires (à l’exception du texte de William Kotzwinkle qui sort clairement du lot), il manque la justesse du ton. Sherlock Holmes est bien là, mais pâlichon. Ce n’est qu’une vague copie qu’on aurait privé de sa verve et de son énergie.
Quant aux parodies… Peut-être est-ce dans mon imaginaire, mais une parodie est censée faire rire. Deux y sont parvenues sans peine (merci à Stephen Leacock et Chris Wood, grâce auxquels je ne regrette pas complètement d’avoir ouvert ce livre). Mais les autres… Tour à tour ennuyeuses (dans le meilleurs des cas) ou affligeantes, aucune ne rend justice à leur illustre modèle. On ne reviendra pas sur le fait évident qu’une parodie se doit de forcer le trait, c’est un fait. Mais il est de bon ton d’éviter une réinterprétation si totale qu’on peine à reconnaître les personnages, tant ils sont déformés. Visiblement personne n’a prévenu ces auteurs qu’il ne suffit pas d’évoquer le nom de Sherlock Holmes pour le ressusciter dans toute sa complexité et son ambivalence.
Un recueil qui s’adresse probablement plus à ceux qui connaissent mal, peu ou pas du tout le détective consultant. Les autres risquent de ne pas y trouver leur compte.