Silent Hill : Revelation 3D – Réalisé par Michael J. Bassett – Sorti le 28 novembre 2012 en France
Succéder dignement à l’un des rares bons films adaptés d’un jeu vidéo est une lourde tâche que le réalisateur Michael J. Bassett a visiblement choisi d’ignorer pour la suite de Silent Hill.
Autrefois Sharon et Harry, désormais Heather et Christopher, un couple père/fille tourmenté se perdant dans des prénoms de substitution et des refuges de fortune mais qui n’oublie cependant pas la raison de ces fréquents changements d’identité. La vie leur deviendrait en effet un fardeau bien plus lourd à porter s’ils en venaient à se faire approcher de près par la police et à faire l’objet d’enquêtes approfondies de leur part. Parce que tous deux partagent un étroit lien avec Silent Hill, la ville qui a emporté dans son épais brouillard Rose Da Silva, à la fois épouse et mère du tandem. La ville où Harry/Christopher refuse que sa fille se rende, mais vers où cette dernière finira par se diriger, les circonstances aidant, accompagnée d’un nouveau venu dans sa vie qu’elle apprendra à connaître… et à détester.
Alors ?
Je pourrais aller très vite et vous épargner un discours affreusement long et inutilement répétitif en postant ici-même une photo de ma bouille déconfite après visionnage de Silent Hill Revelation 3D. Ça me semblerait suffisant pour vous transmettre mon sentiment sur ce film mais probablement pas pour vous convaincre que ce dernier n’est pas loin de dégager le fumet d’un navet. La déception est d’autant plus forte que la première adaptation du jeu vidéo Silent Hill s’était révélée bonne, à défaut de s’élever au niveau des deux premiers titres de la série. Ne jouons pas les naïfs, je m’étais préparé psychologiquement à ce que cette suite enregistre une baisse de qualité s’étalant sur plusieurs crans. Parce que Christophe Gans n’est plus aux commandes, parce que le nouveau réalisateur ne s’est pas déclaré comme admirateur de la franchise, parce que les chances qu’il entretienne le bon travail amorcé par Christophe Gans n’étaient pas bien grandes. Et comme si la salle dans laquelle je range mes a priori n’affichait pas déjà complet, j’ai trouvé l’affiche du film navrante malgré la connexion pas trop idiote que l’on peut en faire avec celle du premier film Silent Hill.
Et puis il y avait ce quelque chose que l’on appelle pressentiment que je ne voulais pas ignorer, mais qui s’est pourtant fait discret pendant les premières dizaines de minutes du film. On y découvre le personnage de Heather Mason incarné par Adelaide Clemens qui représente l’une des rares satisfactions de Silent Hill Revelation 3D. Certaines de ses répliques tombent néanmoins à plat, comme ce monologue dans sa nouvelle classe où ses camarades qui la raillaient moins d’une minute auparavant observent subitement un silence de cathédrale quand Heather se met à leur raconter la période la plus récente de sa vie sur un ton à la fois offensif et victimisant (du genre « ne me donnez pas vos noms car je sais que je n’en retiendrai aucun »). C’est dans cette même scène que l’on fait la connaissance de Vincent, à l’allure de bibliothécaire plutôt classe dans le jeu Silent Hill 3 mais qui n’est ici qu’un potentiel boyfriend pour Heather, car il fallait bien caser quelque part l’esquisse d’une moitié d’histoire d’amour, élément indispensable à tout « bon » film arrivant à être conscient de son propre manque d’arguments solides. Et j’ignore si la VF en est la cause, mais chacune de ses interventions sonne faux. En particulier celle où il déballe à Heather le pourquoi de sa présence auprès d’elle.
Passons sans tarder à la conclusion pour vous dire que le combat final m’a fait répéter un mouvement de tête allant de gauche à droite, un combat qui rappelle malheureusement la série des Resident Evil de Paul W. Anderson et sa façon de prendre des codes forts du jeu original et de les travestir sans honte dans ses adaptations cinématographiques. Dans Silent Hill Revelation 3D, c’est un « ennemi » emblématique de la série qui vient jouer un rôle qu’on n’attendait pas de lui.
Silent Hill Revelation 3D se révèle un divertissement passable dont on voit mal quelle catégorie de spectateurs il pourrait pleinement contenter : les fans de la licence vidéoludique n’en auront définitivement pas pour leur argent et riront devant le ridicule de certains passages. Les esprits vierges de la série se demanderont ce qu’ils font là, assis à regarder un spectacle au scénario inintéressant sans éprouver la moindre peur, si ce n’est celle, irrationnelle, de voir le film se prolonger à l’infini.