«Un petit sentier mousseux m’a conduit derrière deux gros rochers. Là, j’ai stoppé net. Une fille était allongée à l’abri, nue, couleur caramel, avec de grosses lunettes de soleil sur le nez. Si je ne m’étais pas excusé, elle ne m’aurait pas vu. Elle n’a même pas cherché à se cacher, elle a souri et s’est redressée doucement.
– Vous parlez toujours avec un accent ?
Sa voix tintait comme du cristal. À vue de nez, elle avait dans les vingt-cinq ans. Quand j’ai dit que j’étais français, elle a pris un air narquois. Puis elle a relevé ses lunettes pour les caler dans sa blondeur. Ses yeux verts roulaient comme des émeraudes, son nez retroussé faisait penser à celui d’Elizabeth Montgomery dans Ma sorcière bien-aimée. Elle avait les seins lourds, une posture étudiée, le pubis emperlé de gouttes d’eau.
– Vous vous êtes baignée ?
– Oui, mais en maillot.»
François Cérésa rejoue L’été 42. Entre le Pays de Galles et l’île de Man, un adolescent découvre une façon bien anglaise de s’encanailler, et universelle de s’émouvoir…


Romancier et journaliste, François Cérésa a publié de nombreux romans dont Les moustaches de Staline (Fayard, 2008). Il dirige le mensuel Service littéraire.


Roman du passage à l’âge adulte, Sugar puffs est à la fois impertinent, nostalgique et drôle. Le narrateur, Jean, revient sur l’année de ses 15 ans, quand ses parents l’ont envoyé outre-Manche pour compléter son éducation. Et quoi de plus éducatif que les petites Anglaises, faussement farouches mais plutôt libérées en substance… Avec pour fils conducteurs les céréales Sugar Puffs dont Jean se gave sans lassitude et les « sha la la la lee » de Schirmeck, électron libre et rebelle de la classe, le récit se dévore avec jubilation. L’année 1969 continue d’inspirer les écrivains… et c’est tant mieux ! On aime parce que cela nous rapporte chacun un peu à notre propre adolescence et nos propres « premières » expériences.

Sugar puffs
François Cérésa
Fayard
290 pages, 18.90 €
(roman)