Les portages de jeux PC sur consoles portables ont généralement du bon quand les titres en question regorgent de puzzles à résoudre, et ne misent pas l’essentiel de leur intérêt sur une quelconque prouesse graphique. Le genre point & click a par exemple été très bien reçu sur Nintendo DS, et j’ai de bien beaux exemples à citer tels que Les Chevaliers de Baphomet et Runaway. Le dernier titre en date de Nemopolis, Marie-Antoinette et les Disciples de Loki, s’inscrit dans cette catégorie en se la jouant également un chouïa Layton (la tête sur les épaules en moins). Alors ?
Alors ça démarre relativement bien durant un peu moins de cinq minutes, passées à lire le dos de la boîte du jeu. On nous y promet « de nombreuses énigmes, puzzles et casse-têtes », on nous parle d’une terrible éruption faisant intervenir un volcan forcément islandais, et aussi que la reine de France Marie-Antoinette est dans de beaux draps. Un charmant programme en ces temps de campagnes présidentielles. Mais, à l’instar du monde politique, de belles paroles ne débouchent pas automatiquement sur les actes espérés; essayons par conséquent de faire abstraction de toute attente et de tout préjugé au moment de lancer le jeu.
La première mauvaise surprise n’aura pas tardé, Marie-Antoinette et les Disciples de Loki ne nous offre aucune scène d’introduction. Mais nous en avons vu d’autres, persévérons. Le menu principal permet un accès à une encyclopédie qui se remplira au fur et à mesure de notre progression. Pas très longues à lire et donc parfaitement adaptées au support, les informations délivrées ici ont le mérite de nous instruire sans nous barber.
Le jeu se découpe en six chapitres, chacun pouvant être parcouru en une demi-heure environ. Pour une durée de vie équivalente à un run du film Titanic. Et nous ne parlons malheureusement pas d’un jeu flash découvert mardi dernier sur le net mais bien d’un soft acheté une trentaine d’euros dans une enseigne souhaitant conserver l’anonymat.
Si encore l’intérêt était monstrueux. Pensez donc, le jeu démarre à Versailles avec une conversation entre un dénommé Oscar et le Professeur Vingt, celui-ci apprenant à son interlocuteur masqué que quelque chose de louche se trame et qu’il ferait bien d’enquêter sur l’origine de ce parfum mystérieux. Pas de voix, une musique au piano que l’on coupera dans les minutes suivantes et surtout, une mise en scène absente (les rares personnages du jeu ne bougeront jamais, comme quasiment tout le reste) : l’ampleur du désastre commence à se faire ressentir. Tous ceux qui n’ont pas joué au volet précédent n’auront aucun moyen d’en savoir davantage sur ces deux protagonistes car ni la notice, ni les dialogues du jeu ne font mention de leur passé ou de leurs motivations.
Pour notre toute première mission, il nous est demandé d’ouvrir une porte (retenez que la logique du jeu ira souvent bien plus vite que la vôtre). Facile à priori mais comme d’habitude dans les jeux de ce type, il faudra passer par deux, trois voire quatre actions préliminaires avant d’arriver à exécuter celle de départ. L’ennui, c’est que les énigmes s’enchainent rapidement (maladroitement ?) sans nous laisser le temps de comprendre le lien qui les unit. Et puis même en voulant faire preuve d’indulgence, reconnaissons que ce portage n’est pas très beau, les objets à cliquer sont d’ailleurs souvent dénichés à l’aide de la technique des « 1000 coups de stylet à l’aveuglette » tellement la lisibilité des différents écrans peine à convaincre.
Par moments (et encore une fois, sans justifications satisfaisantes), vous aurez à résoudre des puzzles (au sens premier du terme) de plus en plus retors, où leur résolution tiendra parfois à une case idéalement renversée. On tient peut-être là les phases les plus intéressantes du jeu. En d’autres occasions, des casse-têtes basés sur un principe toujours identique vous feront pester sur l’impossibilité de sauvegarder votre partie n’importe quand (votre avancée est en effet sauvée à chaque fin de chapitre). Sans parler des courses en calèche dont la maniabilité n’a d’égale que l’intérêt de l’épreuve. Je vous laisse chercher l’adjectif le plus adéquat.
Avec une immersion proche du degré zéro et un scénario abracadabrantesque et si pressé que vous ne le verrez pas passer, les rencontres avec les pourtant prestigieux Mozart, Benjamin Franklin et Marie-Antoinette ne vous procureront aucune joie particulière, exception faite si vous faites partie de la famille. Également disponible sur Mac et PC, Marie-Antoinette et les Disciples de Loki semble un peu plus acceptable sur ces plates-formes (plus d’énigmes, personnages et décors), mais ne vous attendez pas pour autant à un jeu beaucoup plus profond et intéressant. Au final, une triste et dispensable expérience dont on se serait plaint même si elle nous avait coutée 5€.