Un écrivain, un vrai, c’est le titre de l’émission de téléréalité dont Gary Montaigu a accepté d’être la vedette. Une équipe technique s’est installée chez lui et le filme en permanence ; au fil de rendez-vous quotidiens, les téléspectateurs sont invités à intervenir sur l’intrigue de son roman en cours. Auteur populaire et reconnu par ses pairs, Gary est au faîte de sa carrière. S’il s’est prêté au jeu, c’est par ambition mais aussi par amour sincère de la littérature, dans la conviction que la petite lucarne a le pouvoir d’inoculer le virus de la lecture dans tous les foyers. Quelques mois plus tard, il a déserté la vie publique, n’écrit plus rien de bon et reste enfermé chez lui, dans un fauteuil roulant… Aurait-il sous-estimé les effets de la médiocrité télévisuelle ? Avec une ironique clairvoyance, Pia Petersen interroge le rôle de l’artiste dans nos sociétés contemporaines interactives. Face au simplisme démagogique et aux charmes fallacieux du storytelling, elle plaide avec détermination pour la complexité de la pensée, la liberté de créer sans le souci de séduire, sans renoncement, sans concessions.

Actes Sud, 272 pages, 20 € (roman)



Native du Danemark, Pia Petersen vit et travaille entre Paris et Marseille. Elle est l’auteur de cinq autres romans : Le Jeu de la facilité (Autres temps, 2002) et, chez Actes Sud, Parfois il discutait avec Dieu (2004), Passer le pont (2007), Iouri (2008), Une livre de chair (2010).

Malgré les « et » incessants et la ponctuation minimaliste, le lecteur se laisse peu à peu embarquer dans ce roman un peu rocambolesque, véritable interrogation du travail d’écriture et questionnement moral sur la société de divertissement et de zapping actuelle. Au final, un constat glaçant sur les dérives de la starisation à tout-va et de la manipulation induite par un « communautarisme » oppressant.