« Video Games », de D. B. Weiss – SONATINE Editions – Sorti le 18 octobre 2012 – 21€
Oui, bon. Vous me vendez « Video Games » comme le premier roman du scénariste de « Game of Thrones » (« Le Trône de fer » en VF), mais si j’en suis venu à lire cet ouvrage riche de plus de 350 pages pour en rédiger cette critique, c’est uniquement en raison de son titre on ne peut plus générique. Et ça ne m’emballait pas des masses. Il faut dire que, généralement, les jeux vidéo se doivent d’être joués plus que d’être lus ou regardés au cinéma, mais, motivé par la perspective de lire mon premier livre de 2012, j’ai accepté de donner sa chance à « Video Games ». Qui d’ailleurs, a un tout autre nom en version originale, plus parlant en regard de son contenu : « Lucky Wander Boy ». Il faut savoir que ce roman a neuf ans d’existence, étant paru en 2003 aux États-Unis, et que par conséquent, les références (vidéoludiques notamment) ne vont pas au-delà de cette année.
Adam Pennyman est un type un peu loser sur les bords, c’est du moins l’impression qu’il m’a donné tout au long de son parcours. Peut-être parce que les gars qui nourrissent une telle obsession pour un jeu vidéo ont tendance à me faire peur. Pour Adam Penibleman (tiens, pour la peine), ce jeu, c’est Lucky Wander Boy. Vous pouvez aller le taper sur n’importe quel moteur de recherche, vous ne trouverez que des références au livre de D.B. Weiss, le jeu en question n’existant pas réellement. Mais il représente tant pour Adam, mais ça, il ne s’en rendra vraiment compte que lorsqu’il se verra proposer ce poste de rédacteur chez Portal Entertainment, qui prévoit de faire de Lucky Wander Boy un long-métrage éventuellement fidèle à l’œuvre originale. La passion dévorante d’Adam pour ce jeu restera d’ailleurs incomprise pour sa petite-amie rencontrée en Pologne, mais il n’accordera que peu d’importance à ce rejet par celle qu’il a sans doute aimée très fort pendant un temps et dont la compagnie ne lui apparaît désormais plus si nécessaire que cela.
Maintenant, l’une des interrogations à laquelle je me dois de répondre, c’est de vous dire s’il faut être calé dans le domaine pour apprécier « Video Games ». Eh bien j’ai envie de vous répondre oui, mais pas trop. Si vous avez connu l’époque de la Colecovision et de Frogger, vous naviguerez en eaux connues, de même qu’en disposant de quelques connaissances en émulation. Au-delà de ça, la description du jeu Lucky Wander Boy est suffisamment fantaisiste et moyennement réaliste pour que les non-joueurs s’y retrouvent. En effet, un jeu daté des années 90 semblant être un simple Mario-like vu de côté dans son premier niveau et qui devient une sorte de Journey en 3D à la 1ère/3ème personne dans le suivant (le troisième niveau n’ayant été atteint que par une poignée de joueurs seulement), ce n’est pas pour être méchant, mais celui qui baigne dans le milieu depuis une vingtaine d’années n’y croira pas vraiment voire pas du tout.
On aurait presque envie d’avoir pitié d’Adam, au fil de son ascension dans son schéma de réhabiliter Lucky Wander Boy plutôt que dans celui de la sauvegarde de sa vie sentimentale, alors que tout bon geek qui se respecte et avec un minimum de bon sens ferait le choix inverse. Mais à aucun moment il n’émet le regret d’avoir choisi cette voie. Son obsession pour Lucky Wander Boy et sa créatrice Araki Itachi ne saurait être ébranlée de quelque manière que ce soit. Il n’est pas dit que ce qu’il découvrira sur eux deux vous passionne terriblement, mais c’était le risque à encourir en faisant d’un jeu vidéo imaginaire au concept passablement intéressant le sujet central d’un roman. Même pas interactif en plus.